Pourquoi aurions-nous besoin des autres, alors que le bien ne dépend que de nous ?
Ingénieur, industriel et président du Mouvement du Tunisien pour la liberté et la dignité, un parti politique d’opposition crée en 2013, Mohamed Ayachi Ajroudi a été l’un des plus virulents critique de la Troïka qui a ruiné la Tunisie. Dans un article publié ici-même le 12 octobre 2014, il constatait déjà que « la Tunisie a perdu les points de force sur lesquels elle pouvait bâtir, à savoir les équilibres macroéconomiques, la capacité d’entreprendre de ses hommes d’affaires, la confiance des opérateurs nationaux et étrangers […] la stabilité, la sécurité et la sérénité ». Plus obstiné qu’optimiste, il revient ici sur la gravité de la crise tunisienne et réitère quelques pistes remédier au présent et construire l’avenir.
Il est généralement dit que « lorsqu’on perd la richesse, on ne perd rien, lorsqu’on perd un peu de sa santé on a perdu un peu, mais lorsqu’on se perd soi-même alors on a tout perdu ». Nous appartenons à nous-mêmes, et ça nous ne voulons pas le perdre, quel que soit le prix ou l’échange. Notre richesse n’est guère ce que nous possédons, mais ce que nous sommes ; et plus exactement, ce que nous sommes capables de faire pour notre pays.
J’ai été surpris, comme bon nombre de nos vrais patriotes, par deux nouvelles lois qui ont été récemment présentées à l’Assemblée des représentants du peuple.
– la loi fondamentale n ° 68/2018 relative à l’approbation de l’Accord sur l’encouragement et la protection réciproque des investissements conclue le 27 décembre 2017 entre le gouvernement de la République tunisienne et le gouvernement de la République de Turquie.
– le projet de loi portant approbation d’un accord de siège entre la Tunisie et le « Fonds de développement du Qatar » sur l’ouverture d’un bureau permanent du fonds en Tunisie.
Outre la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, qui a eu l’audace d’alerter et de mobiliser l’opinion publique, l’Union générale des travailleurs tunisiens avait raison de mettre vivement en garde contre « Le danger que constitue le vote de ces accords sur la Tunisie », soulignant le « danger que représente l’autorisation d’ouverture du Fonds de développement du Qatar en Tunisie ainsi que les pouvoirs qui lui sont accordés selon le texte du projet de loi, outre la gravité de l’accord présenté avec la Turquie ».
Il est parfaitement évident que ces deux accords servent l’agenda d’un parti politique particulier, et ils sont, selon les dires d’un ministre et de certains députés au sein de l’ARP, un nouveau Traité de tutelle et une nouvelle forme de colonisation de la Tunisie.
Il est vrai que notre pays a besoin d’investissements et de financements étrangers, mais les accords et propositions présentés au Parlement pour approbation ne constituent pas la meilleure déclinaison. La réussite ne peut être le résultat d’un engouement spontané ou de l’envie d’accomplir quoique ce soit. Pour réussir, il est primordial que l’ambition vienne de l’intérieur de soi-même, de son propre esprit, et que celui-ci est comparable à un parapluie : il n’est utile que lorsqu’il est ouvert.
Les accords en question ne sont plus à l’ordre du jour, ni à la hauteur des événements, ni compatibles avec les options de développement et de construction choisies par presque tous les pays du monde. Le système monétaire ou le meilleur système de financement, le plus avantageux pour les pays en difficulté est le système BOT – BUILD OPERATE TRANSFER, c’est-à-dire le mécanisme de financement pour établir l’infrastructure adéquate dans un domaine quelconque, sans recourir aux ressources publiques. Ce système est considéré comme l’un des moyens les plus appropriés pour financer des projets d’infrastructure et répondre aux besoins du pays sans compromettre le budget de l’État ni procéder à des emprunts sur le marché financier mondial.
Cette méthode a été adoptée par la plupart des pays du monde, y compris par les pays les plus développés, tels que les États-Unis, les pays européens, ainsi que l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unies, la Malaisie, Singapour etc…
La Tunisie connaît des difficultés budgétaires et de manque de moyens, compte tenu de l’état ruineux dans lequel le pays s’est retrouvé ces dernières années en raison de l’échec des politiques menées par les gouvernements successifs pour relancer les moteurs de la croissance et de la production de richesse.
Parce qu’il n’est pas du tout dans l’intérêt du pays de continuer à s’endetter ou de compter exclusivement sur les financements étrangers, la solution idoine, qui ne relève que de la volonté politique, est le système BOT. Ce mécanisme de financement peut réaliser des miracles et fournir la meilleure et ultime solution aux nombreux problèmes du pays, que ce soit dans la relance du développement ou dans le recrutement de centaines de milliers de mains d’œuvre, et on peut le décliner à partir des projets suivants :
– Renouvellement des infrastructures du pays, notamment les ports, les aéroports, les chemins de fer, les routes, les ponts et les barrages.
– Réalisation de l’autosuffisance des besoins du pays, via les énergies renouvelables, comme l’énergie solaire, qui est l’une des richesses gaspillées en Tunisie, par l’installation, d’une station de 10 milles mégawatts dans le sud par exemple.
– Réalisation d’un environnement propre en créant des installations d’assainissement avancées et en recyclant les déchets.
– Répondre au besoin de toutes les zones en eau potable en construisant des usines de dessalement.
– Construction de villes disposant d’infrastructures sanitaires, d’hôpitaux, des universités et des complexes immobiliers.
– Et pourquoi ne pas penser à construire une nouvelle capitale pour désengorger la ville de Tunis et permettant de donner une nouvelle image à notre pays ?
Dans le domaine agricole et celui de l’élevage, s’atteler à l’autosuffisance alimentaire, le pays est en capacité d’y parvenir.
Ce ne sont là que des pensées et quelques considérations qui émanent d’un esprit pragmatique et d’une âme qui souffre pour son pays, mais qui persiste à croire en la volonté de chacun de transcender les difficultés de l’existence par la foi en soi-même. Car, ce qui est inscrit au fronton de la porte qui mène à la réussite est ceci : même lorsqu’on veut te persuader du contraire, tu peux voir bien au-delà de ce que les autres regardent. Il n’y a rien qui puisse vous réconcilier le mieux avec l’existence et ses fractures douloureuses, rien qui ne réconforte votre conscience que de rendre les gens heureux en changeant leur vie en mieux. Bien plus que de l’altruisme, c’est la traduction la plus noble et la plus concrète de l’humanisme.
C’est ma vision des choses, ma façon d’être et d’agir, ma trajectoire. Toutes mes réalisations témoignent de ce que j’ai conçu et accompli, et je continue de réaliser des projets dans différents domaines de par le monde. Je garde en moi l’espoir palpitant de voir mon pays en meilleure situation, une situation qui vaille la peine d’être vécue pour un grand peuple comme le nôtre.
Mohamed Ayachi Ajroudi